Compte rendu de la cinquième réunion Africanistes

Maison de l'Archéologie et de l'Ethnologie René Ginouvès, Salle 2 (RDJ)


30 avril 2003

 

Chers amis,

Notre cinquième réunion s'est tenue comme convenu le 30 avril à Nanterre, de 10h à 13 h. 9 étudiants y ont assisté, 6 ont été excusés. Malgré le petit nombre de présents, il faut saluer la présence de Virginie Bridoux, Nicolas Schmaltz et Julie Wereich qui venaient respectivement de Rouen, Lille et Montpellier.
Après une rapide présentation, Mohamed Benabbès, Arbia Helali et Meriem Sebaï nous ont fait un compte-rendu de la 1ère réunion organisée à Aix-en-Provence.

1-Compte-rendu de la journée à Aix-en-Provence

Nous en avons fait un compte-rendu très détaillé que vous trouverez sur le Site d'Africa Antiqua, retenons tout de même les motifs de satisfactions : ce premier déplacement hors de la MAE de Nanterre était inscrit dans les projets de rencontres scientifiques qui nous tenaient à cœur. En dehors des réunions de présentation, de travail et de discussion qui nous ont occupé durant deux jours, nous avons eu le plaisir de rencontrer un grand nombre de doctorants et de chercheurs de la MMSH, maintenant que les contacts sont pris nous avons une meilleure vision de la topographie scientifique d'Aix-en-Provence, il ne tient qu'à nous individuellement de maintenir le lien et de l'entretenir.
Il faut aussi rappeler que bien que nous ne soyons pas une association, quatre d'entre nous ont bénéficié de l'accueil gracieux de la MMSH, M. Ilbert, directeur des lieux, avait fait mettre à notre disposition deux studios. De même, Nicolas Schmaltz, étudiant à Lille 3, s'est vu pris en charge intégralement par son université. Nous remercions également Imen et Imed Ben Jerbania qui ont accueilli chez eux deux parisiens. Tout ceci prouve encore que notre initiative informelle et spontanée rencontre un accueil chaleureux et suscite les bonnes volontés.
Autre motif de satisfaction, les réactions de l'ensemble des professeurs et chercheurs du CCJ ont été très positives et nous encouragent à persévérer.
Mohamed a ensuite brièvement évoqué les trésors d'archives du CCJ : les cartes topographiques (700), la photothèque (au moins 40 000 clichés), l'aérophotothèque (plus de 160 cartons remplis de photos aériennes de l'Algérie, du Maroc et de la Tunisie). Il nous a semblé que la bibliothèque du CCJ et ses archives sont une étape incontournable pour tous les étudiants dont la thèse possède un lien avec l'Afrique Antique. De plus, il est également possible, sur le moyen terme d'obtenir un scanning des feuilles topographiques de l'AAA et l'AAT, ainsi qu'une liste des centres universitaires ou d'archives qui détiennent des cartes ou des photos de l'Afrique.
Meriem a évoqué un moment très émouvant du séjour. M. M. Fixot est venu nous raconter la création de l'association P.A. Février. L'évocation de cet historien que notre génération n'a pas connue nous a beaucoup toucher ainsi que l'esprit dans lequel les ses amis et collègues continuent de perpétuer son nom et son œuvre. M. Fixot nous a expliqué la marche à suivre pour les demandes de bourse ainsi que pour les demandes d'hébergement pour ceux qui veulent mener des recherches dans les bibliothèques d'Aix (reportez-vous à la rubrique Bourse du site Africa Antiqua).

2-Agenda scientifique et publications

Parmi les rendez-vous scientifiques concernant l'Afrique nous avons retenu :

  • M. Christol, Uchi Maius, 30 avril 2003 à 17h à la société des Antiquaires de France
  • 5 mai, à Bordeaux, thèse de Ridha Ghaddhab
  • 9 Mai, à Aix, MMSH, journée " regards sur l'urbanisme des villes en Algérie, de l'Antiquité au XXème siècle "
  • 16-17 Mai, à Rouen, colloque consacré à " Identités et culture dans l'Algérie Antique ", dans le cadre duquel, Virginie Bridoux, Mohamed Bennabbès, Naïma Abdelouahab et Amel Soltani ont présenté des communications.
  • 18 juin, Jussieu, journée en hommage à Y. Thébert.

Dans le cadre des publications récentes nous signalons la parution des ouvrages suivants :

  • Michel Tarpin, Vici et pagi dans l'Occident Romain, CEFR, 299, Paris-Rome, 2002
  • X. Dupuis, Inscriptions Latines d'Algérie, II,3, 2003 Antiquité tardive, 10, 10, 2002 : Colloque sur l'Afrique vandale et byzantine

Dans le cadre des activités archéologiques signalons deux chantiers de fouilles en Tunisie

  • à Jebel Oust (dans la région du Zaghouan)
  • à Pupput (Hammamet sud)

La troisième partie de la réunion a été consacrée aux exposés de V. Bridoux et M. Bennabbès qui testaient dans le cadre d'Africa Antiqua leurs communications respectives au colloque qui s'est tenu à Rouen le 16 et 17 mai dernier sous le thème : Identités et culture de l'Agérie Antique.
Virginie Bridoux, La pénétration des produits italiques sur trois sites numido-maurétanien,
Mohamed Benabbès, Les premiers raids arabes en Numidie byzantine : Questions toponymiques,
Une discussion animée s'est poursuivie autour d'une bonne table.

 

Mériem SEBAI

Mohammed BEN ABBES


Annexe 1 : résumé des deux exposés.

Virginie Bridoux, La pénétration des produits italiques sur trois sites numido-maurétanien,

Mohamed Benabbès, Les premiers raids arabes en Numidie byzantine : Questions toponymiques,

La fondation de Kairouan vers 670, par Okba ibn Nafe, au centre de la Byzacène, marqua la volonté des Arabes de s'établir durablement en Afrique du Nord, d'où les tentatives de pénétrer, peu de temps après, en Zeugitane et en Numidie. La première expédition arabe en territoire de Numidie fut l'œuvre d'Abu-l-Mûhajir, qui remplaça Okba pour quelques années (674-682) et qui, à en croire certaines sources, aurait pu atteindre la région de Tlemcen. Rétabli dans son poste à Kairouan par le khalife Yazid, Okba se lança lui-aussi dans un grand périple en direction de l'Ouest qui le conduisit victorieusement, selon la légende, jusqu'à Tanger et la côte de l'Atlantique. Mais, sur la route du retour, il fut attaqué et tué à Tahûda, près de Biskra.
Ces deux épisodes de la conquête arabe dans le Maghreb centrale et occidental furent l'objet de grandes réserves de la part de beaucoup d'historiens modernes comme R. Brunschvig et G. Marçais. Ils ont été admis, néanmoins, par d'autres chercheurs tels que Lévi-Provinçal et H. Monès.
La présente communication propose une mise au point qui, en révisant le corpus des traditions historiques arabes relatives à ces deux expéditions, tente de montrer que les raids de ces deux généraux arabes ont été focalisés plutôt sur la Numidie centrale, essentiellement sur la région de l'Aurès. L'examen des toponymes mentionnés dans ces récits, nous a amenés à en déduire que le point le plus occidental atteint par les Arabes au cours de cette phase serait dans les environs du Chott el Hodna. L'œuvre militaire de Okba ibn Nafe en Numidie aurait essentiellement pour objectif, suivant cette hypothèse, un contournement de l'Aurès, où se concentraient les puissantes tribus berbères de l'époque. Le trajet des troupes arabes correspond parfaitement aux deux voies stratégiques du Nord et du Sud de l'Aurès.
La conquête du Maghreb occidentale n'est accomplie que quelques décennies plus tard par Mousa ibn Nûsayr.

Discussion :

-Lamjed : remercie MB pour cet exposé très clair, toutefois, il n'est pas d'accord avec son interprétation qui exclue la ville de TLEMCEN comme étape du trajet d'Okba. L'importance de cette ville au Moyen Age rend difficile de telles confusions. Il rappelle que Tlemcen, désignait aussi bien la ville que toute la " région de Tlemcen ".
D'autre part il n'est pas d'accord non plus avec l'identification Lamis = Bellezma.
-MB : l'émergence de Tlemcen ne survient que lontemps après les premiers raids arabes, au XIIème-XIIIème siècle de n. è. , en revanche on ne peut pas parler de Tlemcen dans un contexte byzantin (VIIe s.), car l'ancienne ville de Pomaria était tombé dans l'oubli.
-MS : finalement Okba n'est jamais allé jusqu'au Maroc ?
-MB : oui, tout à fait.
-MS : Comment expliquer l'amplification du mythe d'Okba ?
-MB : C'est une évolution historique ultérieure, liée essentiellement au rôle joué par la dynastie d'Okba dans le Maghreb et l'Espagne, mais aussi au désir des écrivains du Maghreb Extrême (Maroc) d'affirmer une ancienneté dans l'islam comparable à celle de l'Ifriqiya